Mazda ne fait jamais rien comme tout le monde. Alors pour son premier véhicule 100 % électrique, le constructeur premium japonais ne pouvait que nous proposer une automobile à forte personnalité. Un peu à l’image de Sami Ayad qui s’est prêté au jeu de « l’essayeur d’un jour ». Prétexte pour nous plonger au cœur de « son » Semur-en-Auxois.
Célèbre notamment pour son moteur rotatif, Mazda est une marque d’initiés. Réputée pour son petit coupé MX-5, le roadster le plus vendu au monde excusez du peu, la marque s’est également lancée dans le SUV. La récente production du constructeur utilise aussi la technologie Skyactiv, proposant des taux de compression optimisés de manière à réduire les émissions polluantes. Pour son centenaire, le constructeur japonais ne pouvait passer à côté du phénomène électrique. Mais on ne se refait pas. Face à des électriques plus (trop ?) rationnelles, Mazda présente une nouvelle fois un véhicule qui fleure bon la passion. À la bonne heure. La MX30 interpelle donc, avec ses airs de SUV « coupé », une garde au sol juste un peu plus haute que celle d’une berline (13 centimètres) et des mini portes arrière antagonistes. Les déployer, quasiment à 90 degrés, offre une large ouverture. Effet waouh garanti. Une nouvelle réussite du design Kodo (tiré de l’animal en mouvement), cher à la marque. À l’intérieur, même sujet de satisfaction avec une finition de superbe facture et de beaux détails. À l’élégante console centrale « flottante » s’ajoutent des matériaux qui parlent aux « écolos ». Au liège entre les sièges avant s’ajoute, sur les contre-portes, un tissu réalisé en plastique recyclé. De la belle ouvrage.
Douceur et vigueur
Mais une Mazda se juge tout autant sur la route. Le constructeur qui a le vent en poupe au point de se faire une jolie place parmi les marques premium ces dernières années ne pouvait prendre le risque de décevoir. Mini levier de vitesse sur D, une pression sur l’accélérateur et la MX-30 s’élance avec ce mélange de douceur et de vigueur propre aux électriques. Les 145 chevaux promis sont bien là. Et grâce à un centre de gravité bas, les mouvements de caisse sont parfaitement maîtrisés.
Mazda a fait le choix d’une batterie de 35,5 kilowatts-heure. Christian Schultze, directeur général du centre de recherche et développement de Mazda en Allemagne, le justifie par une approche écologique maximum. En effet, en évaluant le cycle complet d’un véhicule électrique de la fabrication de sa batterie jusqu’à sa fin de vie, et même si une voiture électrique n’émet pas de CO2 en roulant, une plus grosse batterie aurait affiché un bilan carbone plus élevé… D’où le choix de ce type de batterie permettant une autonomie de 200 kilomètres tout de même. Ce qui semble largement suffisant quand on sait qu’un Français roule en moyenne 40 kilomètres par jour. Mais les 200 kilomètres promis sont-ils bien là pour être sécurisé lors des distances plus longues ? La réponse en tournant la page…
Dans l’univers de Sami Ayad
Comme nous sommes joueurs chez Monsieur en Bourgogne, nous avons donc proposé au groupe Passion Automobiles, qui distribue Mazda sur notre territoire, un petit défi… « Vous nous confiez la MX-30 pendant une journée et on teste son autonomie. » Ils ont dit banco. Un bon prétexte pour une petite balade, direction Semur-en-Auxois, pour aller à la rencontre de Sami Ayad.
Nous voici donc au volant du tout premier véhicule électrique de Mazda, distribué par Passion Automobile à Chenôve. Un coup d’œil sur le GPS nous indique que Semur-en-Auxois est à 81 kilomètres, soit 162 kilomètres aller-retour sans compter ceux à ajouter pour notre balade autour de la cité de Buffon… Lou, responsable marketing, nous promet un bon 200 kilomètres d’autonomie. Nous partons donc confiants, pour aller à la rencontre de Sami Ayad. Du côté de la Haute Côte-d’Or, certains proposent avec humour de renommer Semur-en Auxois en Sami-en-Auxois… Cédric Tarteret, qui préside à la destinée de la radio Diversité FM et fin connaisseur de son territoire, explique que cette boutade « témoigne de l’importance que Sami a prise en 20ans dans cette la belle cité médiévale ».
Sami Ayad a pourtant été accueilli avec circonspection à son arrivée en 2000. Il avait alors seulement 27 ans et présidait aux destinées de la marque de streetwear Kumpaz. « Il était un peu perçu comme un Ovni ». Qu’un porte-drapeau national de la culture urbaine, sponsor officiel de labels de hip hop et de groupes comme Snipper, IV My People ou Menace Records, décide de venir installer ses entrepôts puis son magasin d’usine du côté de Semur, forcément cela a pu bousculer le landerneau local. Sami Ayad se souvient : « Le prix de l’immobilier étant déjà délirant en région parisienne, j’ai alors cherché un endroit suffisamment proche de la capitale, bénéficiant d’un axe autoroutier et d’une gare TGV assez proche. Semur s’est imposé comme une évidence ».
Semur plutôt que Paris
On connaît la suite. Sami Ayad tombe amoureux de Semur-en-Auxois et de sa région et, année après année, il va prendre racine au point de devenir un acteur économique incontournable du coin. On pense notamment à son restaurant La Rumeur ou à L’Arrogant, le bar qui fait les belles heures de la nuit en Haute Côte-d’Or – les clients n’hésitent pas à rouler 40 kilomètres pour s’y retrouver. On pourrait aussi parler de Cross Training Nation, sa salle de sport, qui cache aux étages une pépite : une véritable cage de MMA (arts martiaux mixtes). Oui oui, en plein cœur de la cité de Buffon ! D’ailleurs nous sommes rue Buffon, l’artère piétonne majeure de Semur. Qui a dit que cette petite cité bourguignonne n’était qu’une belle endormie ? Sami Ayad temporise : « Nous restons une petite ville et c’est d’ailleurs cela qui est bon. Mais cela n’empêche pas d’être ambitieux et de vouloir proposer le meilleur aux habitants, notamment à nos jeunes. C’est de cette manière qu’ils continueront à s’investir et resteront sur le territoire ». Sami Ayad est tellement investi pour celui-ci qu’il incite les collaborateurs de sa société d’import-export, ALM International, vaisseau amiral de son important groupe, à migrer de Paris vers Semur. « Je leur explique en toute sincérité que Semur et la Bourgogne me semblent être un lieu autrement plus épanouissant que Paris pour vivre et construire une famille. Et puis c’est quand même intéressant de profiter d’une belle maison avec terrain pour le prix d’un petit T2 en banlieue parisienne, non ? »
Cross Training Nation, sa salle de sport
Les Bureaux de sa société ALM International.
Son bar,L’Arrogant, haut-lieu des nuits de Haute Côte-d’Or
Chez Monsieur en Bourgogne, on en était déjà convaincus… Convaincus aussi du plaisir de voyager en mode 100 % électrique. Le silence de fonctionnement aura contribué à rendre ce road trip apaisant. Au point que le son le plus prégnant aura été celui de la pluie ayant accompagné notre parcours. Sur la route du retour, l’ordinateur de bord de notre MX-30 nous indique qu’il reste une marge confortable. Le pied se fait alors inconsciemment plus lourd. Malgré cet enthousiasme, à l’heure de rendre, à regrets, notre Mazda, il reste encore 30 kilomètres possibles. Alors comment partir le matin avec un peu moins de 200 kilomètres d’autonomie, rouler 190 kilomètres en une journée et revenir avec 30 kilomètres de réserve ? « C’est le principe vertueux de la récupération d’énergie, notamment lors des freinages », explique Éric Boyer, un des piliers de Mazda chez Passion Automobile. Ou quand 3-3=1.
Sami en son jardin secret
À désormais 47 ans, Sami Ayad est, vous l’aurez compris, un homme très occupé. Sa société d’import-export ALM International collabore avec plusieurs centaines de correspondants dans 22 pays de l’Afrique subsaharienne et compte 80 salariés. De quoi se faire des nœuds dans la tête tous les jours. Sami cherche donc, plusieurs fois par mois, à changer d’air. Mais sans forcément aller au bout du monde. Il prend le volant de notre Mazda électrique du jour et nous emmène sur les hauteurs de Semur à la découverte « d’un ami qui [lui] est cher ». Nous pénétrons dans la cour d’une charmante petite maison. Un coin caché qui abrite un atelier d’artiste hors du temps, comme sorti d’un roman. Notre hôte du jour est aussi accueillant qu’impressionnant. Une gueule, comme on dit. « Au-delà du fait que c’est mon ami de longue date, nous sommes ici dans le lieu où je parviens à me ressourcer car il est coupé de toute influence du monde extérieur. C’est le point zéro. Un espace privilégié comme celui-là, je le souhaite à tous les chefs d’entreprise car cela permet de revenir à l’essentiel. Jérôme devient en quelque sorte mon conseiller. » Jérôme Laureau sourit. « En fait, je suis issu de la bourgeoisie à l’ancienne… la vraie… une classe finalement débarrassée de tout préjugé. Sami a une manière de voir le monde qui est très incisive, volontaire et toujours en mouvement. Alors
que, de mon côté, au contraire, je suis très statique dans l’application de mon activité artistique, ici dans mon atelier. Entre nous, c’est de la pure camaraderie, sans recherche d’intérêt. Mais à l’opposé l’un de l’autre. Donc quand on se rejoint, cela forme un tout. »
C’est à 13 ans que Jérôme Laureau a le déclic. Il l’a compris, il deviendra peintre. Trente-deux ans plus tard, il semble regarder sans nostalgie particulière mais avec une belle sérénité le chemin accompli. « Dans ma famille, la culture était quelque chose de fondamental. Je n’ai connu aucune entrave d’aucune sorte pour pouvoir me plonger dans cet art. Je ne voulais pas être peintre en ville à me battre avec d’autres pour un petit bout de chimère. Je n’ai rien contre les grandes villes mais pour créer quelque chose d’honnête, il faut se mettre en retrait. Il faut parfois savoir se cacher pour exister. Il faut que cela reste une aventure de vie. Elle ne peut avoir de sens que si elle est risquée. Dans l’art, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, on n’a rien à apprendre, rien à découvrir, et pas besoin d’être influencé par les autres. Il faut développer ce qu’on a au fond de soi, ce petit truc même minuscule, pour lui donner une dimensions universelle, authentique. » Au final, Jérôme Laureau ne revendique qu’une seule chose : « la cohérence ». « La beauté ou l’art en tant que tel ne m’intéresse pas plus que ça. On peut connaître ses limites mais les pousser jusqu’au moment où on devient cohérent. C’est ce qu’on appelle le style. À la fin de sa vie, Flaubert disait : “J’aurais rêver écrire un roman qui
ne se tienne que par son seul style”. Le style est tout. Le style comme finalité. » Une démarche jusqu’au-boutiste qui le pousse à se cloîtrer dans son atelier-maison. Un lieu un peu troglodyte mais, étonnamment, nullement oppressant. Au contraire, c’est coloré et lumineux. « J’élève aussi trois enfants ici. Il est nécessaire que cela soit un lieu de vie adapté pour eux. C’est mon autre point commun avec Sami. Nos enfants sont notre priorité. »
Au fond d’une cour, une jolie maison et un atelier insolite où il retrouve son ami Jérôme Laureau. “Le point zéro. Un espace privilégié, pour revenir à l’essentiel.”