Bien sûr vous l’aurez compris ce titre est accrocheur mais, pour autant, la question est-elle si irréaliste ? Qu’en est-il aujourd’hui de la place de l’homme ? L’homme a-t-il encore le droit d’être un homme ? Voire : l’homme du XXIe siècle sera-t-il une femme ?
Il fut un temps où l’homme était le maître des décisions dans la famille. Le Code civil napoléonien n’autorisait pas les femmes à tenir commerce ni à percevoir un salaire. La femme devait travailler avec son mari et était placée sous l’autorité absolue de celui-ci. Elle lui devait obéissance. Au XXe siècle, la loi évolue. En 1907, les femmes mariées peuvent disposer librement de leur salaire. En 1944, elles obtiennent le droit de vote et d’éligibilité. Deux ans plus tard, il est inscrit dans le préambule de la Constitution le principe d’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines. 13 juillet 1965 : une femme mariée a le droit d’ouvrir un compte en banque et de signer un contrat de travail sans l’autorisation de son mari. Mais ce n’est qu’en 1970 qu’une loi supprime la notion de « chef de famille » du Code civil ! En 1983, la loi établit l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. En 2001, un autre texte entreprend de remédier aux inégalités relatives aux conditions d’accès à l’emploi et à la formation. Elle sera renforcée par une loi de 2006 qui, elle, impose la suppression des écarts de rémunération. Pendant ce temps, une loi de 2005 accorde la possibilité de donner à un enfant soit le nom de son père, soit celui de sa mère mais aussi les deux.
Le système patriarcal, où l’homme joue le rôle de « bon père de famille », n’est plus. Les femmes ont gagné leur autonomie financière, leur indépendance. Pour autant, le combat pour l’égalité n’est pas encore gagné. Selon l’Insee, en 2015, toutes catégories confondues, pour un équivalent temps plein, les femmes gagnaient 18,5 % de moins que les hommes. Dans le sport, entre autres exemples, la situation des femmes n’évolue pas vite. Les footballeuses françaises ont remporté la coupe du monde, elles parviennent à se trouver des sponsors, elles gagnent en notoriété, mais leurs salaires n’ont rien à voir avec ceux de leurs homologues masculins.
Dans le même temps, l’homme est parfois mis sous le feu des projecteurs pour des comportements reprochables. #MeToo a pu placer les hommes, indifféremment, au banc des accusés. Au point que certains s’interrogent : le procès fait à certains ne rejaillit-il pas sur tous ? L’homme a-t-il encore le droit d’être un homme ?
Certains hommes sont très heureux de l’évolution des rapports entre les sexes. Le congé paternité, par exemple, est désormais un droit. Les « pères au foyer » ne se sentent plus forcément ostracisés. Une nouvelle ère est ouverte. Celle où les hommes et les femmes jouissent des mêmes droits, contribuent ensemble et au même niveau aux besoins de la famille et peuvent, l’un comme l’autre, s’épanouir aussi dans leur vie professionnelle. Le rapport de domination qui prévalait jadis a laissé la place à l’égalité. Femmes et hommes doivent faire preuve de respect mutuel. Cela ne signifie aucunement que l’homme n’a plus le droit d’en être un. Il arrivait que l’on se demande, sur le ton de la plaisanterie, ce que l’homme serait sans la femme. Il n’est pas interdit de demander aujourd’hui ce que deviendrait la femme sans l’homme, si celui-ci devait renoncer à être homme.
Par Fabien Kovac, avocat au barreau de Dijon