Les Jeux olympiques de Tokyo, prévus en juillet 2021, devront être exemplaires en matière de transition écologique mais aussi d’accessibilité. Rencontre avec Corentin Le Guen (Coco pour les intimes). Pour ce jeune Dijonnais, athlète paralympique en équipe de France de rugby fauteuil, la mobilité est bien plus qu’un enjeu politique.
À 15 ans, un accident de rugby coupe Corentin dans son élan sportif. Lorsqu’il se réveille de son coma, sa moëlle épinière est touchée, le laissant tétraplégique. Et pourtant, après neuf mois d’hôpital, il récupère petit à petit sa mobilité. « C’est quand tu penses à reprendre une vie normale, à sortir, à bouger, à voyager, que ça devient compliqué. » Au quotidien, Corentin est confronté à ce qu’il appelle (gentiment) des obstacles : trottoirs trop hauts, rampes mal faites, bus et métros inaccessibles… La conséquence ? Il voyage moins et réfléchit à deux fois avant de sortir seul. « On ne nous appelle pas des “personnes à mobilité réduite” pour rien : c’est plus qu’un handicap, c’est aussi une situation face à un environnement encore mal adapté. » Dans une société qui prône l’inclusion et l’égalité, Corentin Le Guen assure que beaucoup reste encore à faire.
C’est avec le sport que Corentin reprend « une vie normale ». C’est grâce au sport qu’il récupère son autonomie et, avec elle, ce sentiment de liberté.
Il se souvient de sa participation aux Jeux olympiques à Rio, où l’aménagement pour les personnes en situation de handicap n’était pas à la hauteur. « On était là pour la compétition, comme tous les athlètes, et on gaspillait toute notre énergie pour se déplacer dans le village olympique. » Rendre les Jeux accessibles et égaux pour tous, c’est la promesse que fait Tokyo avec ses engagements pour la mobilité. Élargissement des trottoirs, textes et messages audio adaptés, aménagement des chambres d’hôtel… Autant d’initiatives prévues pour répondre aux normes internationales d’accessibilité. Mais c’est Toyota, le partenaire mondial du mouvement olympique pour la catégorie mobilité, qui fait parler de lui dans la presse internationale : Tokyo 2021 sera équipé d’Accessible People Movers, des véhicules électriques à batteries conçus pour fluidifier les déplacements, réduire la charge environnementale mais surtout assurer le transport des visiteurs à mobilité réduite. Sur les différents sites des Jeux, des robots imaginés par le constructeur japonais guideront les usagers en fauteuil roulant jusqu’à leurs places. Le lien entre sport et mobilité, Corentin le connaît bien : après son accident, il doit demander de l’aide (pour se déplacer, s’habiller, cuisiner, se doucher..…) et il a du mal à l’accepter. Cette dépendance lui semble même inconcevable. C’est avec le sport (il commence le rugby fauteuil en 2011 puis monte Black Chairs, sa propre équipe à Nuits-Saint-Georges) que Corentin reprend ce qu’il appelle «une vie normale » : Si, grâce à la rééducation, il réapprend à utiliser ses muscles qui fonctionnent toujours, c’est grâce à la musculation et à l’entraînement qu’il retrouve de la force dans les mouvements, récupère son autonomie et, avec elle, ce sentiment de liberté. Cette liberté ou plutôt son absence, qui a paralysé la France confinée chez elle à l’ère de la Covid-19, semble avoir remis de l’ordre dans les priorités de chacun. Adieu les caprices de privilégiés : la liberté, c’est la mobilité !<