Innovation, accueil de publics adaptés, vieillissement de la population : les bailleurs sociaux sont aujourd’hui confrontés à plusieurs défis de taille. François-Xavier Dugourd, président d’Orvitis, évoque les nouveaux enjeux de l’habitat social en Côte-d’Or.
L’union fait la force.
En 2018, la loi Élan contraint les organismes HLM gérant moins de 12 000 logements à se regrouper. Orvitis, premier bailleur de Côte-d’Or avec plus de 13 000 logements, n’est donc pas tenu d’y répondre. Pourtant, en 2020, il s’unit avec Domanys (Yonne), Hamarys (Haute-Marne) et Dole Habitat (Jura) dans la société de coordination Idélians. « Nous avons à cœur de garder notre identité, mais nous travaillons en commun sur les achats, l’informatique, le contrôle de gestion et la relation client. Ensemble, nous avons une force de frappe plus grande, tout en gardant notre lien avec notre territoire », explique François-Xavier Dugourd.
Monsieur en Bourgogne. On parle souvent d’une crise du logement social avec une demande qui se veut de plus en plus forte. Quels sont pour vous les principaux défis auxquels Orvitis doit faire face aujourd’hui ?
François-Xavier Dugourd. Ce qui est passionnant dans le logement, c’est qu’il est au cœur des évolutions de la société. Avec Orvitis, nous devons nous adapter à un certain nombre de mutations : paupérisation d’une partie des Français, éclatement des familles, problématiques liées au handicap et surtout vieillissement de la population. À toutes ces personnes, il faut proposer des solutions d’habitat adaptées.
En Côte-d’Or, votre rôle dépasse le simple cadre du logement…
Nous ne sommes plus seulement de simples logeurs, mais bien des aménageurs et partenaires privilégiés des collectivités. Dans notre offre, il y a du logement social, mais il y aussi des bâtiments publics comme des mairies, des gendarmeries, des maisons de santé… De plus, nos investissements ont un vrai impact économique. La création d’un logement neuf ou la réhabilitation correspond à deux emplois et environ 90% de nos marchés sont attribués à des PME du département.
Quand on parle des HLM, on pense souvent à ces barres d’immeubles vieillissantes. Comment faites-vous pour redorer cette image du logement social ?
Aujourd’hui, nous privilégions la conception de résidences à taille humaine plutôt que des grandes barres qu’on pouvait construire dans les années 1970. Nos logements sont maintenant parfaitement intégrés aux quartiers et ressemblent à des bâtiments privés.

Au-delà de ces logiques purement esthétiques, il y a aussi des logiques d’inclusion…
Tout à fait ! La politique d’attribution équilibrée des logements est un enjeu majeur. Dans les années 1970, nous avons regroupé des gens d’une même condition à un même endroit, sans aucune réflexion sur la mixité. Aujourd’hui, nous devons penser le logement non plus comme de simples murs, mais bien comme des écosystèmes mixtes et équilibrés pour le vivre ensemble.
Et concernant les publics adaptés, comment favoriser leur inclusion ?
Nous en avons un parfait exemple à Fontaine-Française, avec la création de sept logements inclusifs. L’enjeu était ici de faire cohabiter des personnes valides et handicapées moteur. La partie innovation est donc fondamentale, car la personne handicapée doit pouvoir être autonome dans son logement. Nous avons mis en place un système quasi-unique en France où certaines pièces sont équipées de rails pour les aider. Nous avons aussi un autre exemple à Chenôve, avec l’association l’Arche qui accueille des personnes ayant un handicap mental dans des lieux de vie partagés. Nous allons par ailleurs construire une résidence intergénérationnelle pour Habitat et Humanis.
Comment répondez-vous au défi du vieillissement de la population dans les logements HLM ?
En lien avec le conseil départemental, notre collectivité de rattachement, nous travaillons à la fois sur l’adaptation des logements et aussi sur des Ehpad [ndlr : établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes]. L’objectif, c’est de pouvoir maintenir le plus possible les personnes âgées dans leur domicile. Nous avons aussi mis en place les résidences Sérénitis.
Et ça ressemble à quoi, une résidence Sérénitis ?
C’est une résidence pour les plus de 65 ans autonomes qui offre un cadre de vie agréable et sécurisant, pour un loyer modéré (370 euros en moyenne). Tout a été conçu pour répondre aux demandes des résidents : des ascenseurs, des équipements adaptés comme des douches plain-pied, des volets roulants motorisés et même une borne interactive, située dans le hall, qui permet de solliciter des aides personnalisées et de favoriser les rencontres. On appelle aussi ces résidences « les résidences du quart-d’heure », car tous les services (santé, commerces, transports…) se trouvent à moins de 15 minutes des logements.

L’objectif est aussi de lutter contre l’isolement ?
C’est l’objectif principal, en effet. D’ailleurs, pendant le confinement, nous avons mis en place une veille téléphonique afin de garder le lien avec nos résidents. Mais le rôle le plus important, c’est celui du gestionnaire de résidence qui vient rendre visite et service aux personnes âgées. Il a un rôle d’animateur et d’intermédiaire direct avec les familles.
Peut-on concilier transition écologique et logements sociaux ?
Le bâtiment représente environ 23% des émissions de gaz à effet de serre. Chez Orvitis, nous menons plusieurs actions pour réduire notre impact environnemental. Par exemple, d’ici à 2026, il n’y aura plus de chaudières au fioul dans nos logements. Avec les écorénovations, nous avons pour objectif que nos bâtiments soient performants au niveau énergétique. Même au-delà des questions écologiques, je pense que l’habitat est un enjeu fondamental pour notre avenir. Pour ma part, de tous mes mandats, c’est la mission qui me passionne le plus.
« Le logement est au cœur des évolutions de la société »

Pour lire plus d’articles cliquez ici Consulter nos magazines
A découvrir également sur nos réseaux sociaux :