Cela faisait longtemps qu’un pilote bourguignon n’avait pas autant marqué les esprits. Vainqueur des 24 Heures du Mans et champion du monde 2021 LMP2 en endurance, l’année de ses 20 ans, Charles Milesi porte haut les couleurs de notre région à travers le monde.
Dimanche 22 août 2021. Alors que nombreux sont ceux qui s’arrachent les cheveux dans les embouteillages autoroutiers des retours de congés, Charles Milesi est en train de réaliser un exploit. Et le mot, pour une fois, n’est pas usurpé… Il remporte, au volant de
l’Oreca du team WRT, les 24 Heures du Mans en catégorie LMP2.Rien moins que la catégorie la plus relevée et compétitive du championnat du monde d’endurance ! Une consécration tellement méritée pour ce pilote qui avait déjà marqué les esprits lorsqu’en 2018, il remportait la course de Formule Renault en ouverture du Grand Prix de Monaco de formule, 1 et devant les plus importants décideurs de ce milieu si fermé. Pourtant la carrière de notre talentueux Talantais n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.
« Certains profs prenaient un malin plaisir à m’interroger
sur les cours que je venais justement de rater »
C’est classiquement par le karting, à l’âge de six ans, que le jeune Charles débute sur quatre roues. Lui qui suivait enfant son père Patrice qui, parallèlement à sa vie de chef d’entreprise, s’était investi sur le tard dans la passion du pilotage. Le gamin se montre habile, gravit les échelons rapidement. Des souvenirs gravés dans sa mémoire mais pas forcément pour les raisons que l’on pourrait imaginer. Car s’il pouvait attirer la jalousie de certains de ses camarades au collège Saint-François à Dijon, c’est surtout le mutisme et le manque de pédagogie du corps professoral qui l’ont marqué. « Ma réalité sportive pouvait m’amener à être absent les fins de semaine. Et certains profs prenaient un malin plaisir à m’interroger sur les cours que je venais justement de rater. Une agressivité que j’ai vraiment mal vécue à l’époque. » Alors c’est décidé, c’est par le Cned, par correspondance donc, que Charles continuera ses études.
C’était écrit, il ne vivrait pas une adolescence comme les autres… Il passe alors à l’international, avec les championnats d’Europe et du monde de karting où il côtoie sur les podiums un autre jeune qui fera lui aussi de plus en plus parler de lui, un certain Théo Pourchaire avec qui il se lie d’amitié. « Du moins en dehors de la piste. Casque vissé sur la tête, c’est un autre sujet… », s’amuse-t-il. On ne se refait pas. Car derrière son calme et une apparente timidité se cache un garçon au caractère bien trempé. En 2017, à seulement 16 ans, il intègre l’Auto Sport Academy et passe au monde de la monoplace via le championnat de France F4. Une année difficile à cause de problèmes de santé, jusqu’à l’exploit de Monaco. Le discret jeune homme s’est déjà fait un nom. Une réputation qui doit pouvoir l’amener vers les sommets. Mais les
places sont chères, dans tous les sens du terme, et il trouve son salut dans le prestigieux championnat japonais de formule 3 en 2019. Une catégorie qui doit être son tremplin vers une carrière professionnelle prometteuse. « Mais je me suis blessé… Ce fut dur, seul, loin de la France et de ma famille, à 18 ans. Sans parler de la barrière de la langue… Mais tellement formateur. » On peut parier que le calme et la maturité que dégage le jeune pilote doit beaucoup à cette expatriation.
En 2020, il passe encore un important niveau en signant en Super Formula, toujours au pays du Soleil levant. « Ce sont les monoplaces les plus efficaces au monde après les formule 1 et plus rapides que les formule 2. » La vie est belle, non ? Sauf que, Covid oblige, il est bloqué en France et ne peut participer au début de saison. La guigne. Grâce au déconfinement partiel, il parvient à rejoindre le Japon et se fera remarquer, malgré très peu de roulage, sur le mythique et si technique circuit de Suzuka… Une année marquée aussi par sa première participation aux 24 Heures du Mans avec le Graff Racing, qui lui permet d’être mis en lumière dans le monde de l’endurance.
Mais entre maladie, blessure et Covid, il ne parvient pas à vivre des saisons complètes. Frustrant… Le doute aurait pu l’atteindre mais,
sûr de son talent, c’est près de Dijon et auprès de sa famille qu’il vient se ressourcer et se préparer physiquement à l’entame d’une saison 2021 qu’il sait déjà décisive pour sa carrière. Alors qu’il n’a pas encore 20 ans…
Il plonge avec gourmandise dans un important programme en endurance avec, dès la fin de l’hiver, la découverte des 24 Heures de Daytona aux États-Unis. Il a notamment comme coéquipier l’ancien pilote néerlandais de F1 Giedo van der Garde. On connaît la suite : la victoire aux 24 Heures du Mans, des pole positions magiques à Monza en WEC ou encore à Spa et Portimao en Le Mans Series avec le Cool Racing (décidément notre homme aime les circuits mythiques) puis le titre de champion du monde LMP2. Un pilote qui démontre à 20 ans être à la fois très rapide et fiable, il n’en fallait pas plus pour qu’au lendemain de son titre, il se voie proposer de participer au Rookie Test par le team officiel Toyota. Au volant de la GR010 Hybrid, la voiture championne du monde d’endurance 2021 en Hypercar, la catégorie reine. Vous avez dit saison réussie ? En tout cas, assurément un tremplin pour une longue carrière professionnelle.
HPEC Motorsport
L’autre pépite du clan Milesi
Avec la réussite internationale de Charles, la famille Milesi pourrait être déconnectée des réalités de notre région. Bien au contraire, elle lui démontre son attachement, au point d’avoir créé la structure HPEC Motorsport, basée sur l’ex-base aérienne 102 de Longvic.
Bien trop jeune pour se mettre à la retraite suite à la vente de son entreprise, le père de notre champion du monde, Patrice Milesi, « pilote » HPEC Motorsport au quotidien : « Nous disposons d’énormes possibilités de roulage et d’essai pour les particuliers, les professionnels et les teams automobiles. Nous sommes en mesure de louer des voitures, des structures et du matériel de course. Notre objectif premier est d’accompagner et faire rouler des pilotes de tous niveaux, associés avec les plus grands teams automobiles de la discipline. » De la course nationale au championnat du monde d’endurance en passant par la monoplace, HPEC organise et apporte un savoir-faire reconnu pour diverses opérations caritatives, showrooms, baptêmes et Proto GT de course. Professionnels mais généreux aussi. En mai dernier, il nous
ont fait un immense cadeau. Permettre à des lecteurs et partenaires de Monsieur en Bourgogne de pouvoir vivre un baptême de piste sur le circuit de Prenois ! Harnaché dans un baquet à la droite de Charles Milesi dans une Porsche GT3 de plus de 500 chevaux… Ou comment découvrir en quelques tours les sensations de grip, d’appui aérodynamique et de force centrifuge. Comprendre aussi la différence entre la conduite et le pilotage… Et pourquoi Charles est vraiment un phénomène.
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