Jérôme Ballet est, depuis le 1er mai, le président du directoire de la Caisse d’épargne Bourgogne-Franche-Comté. Comment évalue-t-il la conjoncture ? Quels sont les atouts de la région dans la nouvelle donne économique ? Et la Caisse d’épargne dans tout ça ? Et pourquoi un nouveau siège flambant neuf dans un bâtiment en bois d’exception ? Entretien.
Monsieur en Bourgogne. Après 18 mois d’une crise inédite, comment évaluez-vous la situation économique du pays ?
Jérôme Ballet. La situation actuelle était inespérée il y a un an ! On s’attendait tous à une catastrophe économique, à une montée du chômage, à une forte progression des défaillances d’entreprises, cela n’a pas eu lieu. À l’évidence, les dispositifs de soutien de l’économie mis en place par le gouvernement ont porté leurs fruits. Les économistes sont optimistes sur la reprise, même s’il faut rester prudent, avec la hausse du coût des matières premières et des difficultés de recrutement dans de nombreux secteurs.
Dans ce contexte, comment s’en tire la Bourgogne-Franche-Comté ?
La Bourgogne-Franche-Comté a une vraie carte à jouer : proche de la région parisienne, elle est bien placée pour accueillir une partie des Franciliens décidés à quitter la région-capitale. C’est la même chose pour le tourisme : l’attrait pour des paysages doux, pour le calme, pour la gastronomie et le vin constitue une chance pour notre territoire. Enfin, nous sommes une région industrielle historique, prête à investir des champs nouveaux dans les domaines de l’énergie, de l’automobile, de la santé, de l’agroalimentaire…
Que restera-t-il, dans nos modes de fonctionnement, de cette crise ?
Autant les choses n’avaient guère bougé après la crise de 2008, autant la période Covid a bousculé nos façons de travailler. Par exemple, participer à une réunion à distance était inenvisageable il y a encore deux ans ; désormais, c’est parfaitement accepté, ce qui évite de longs et fatigants déplacements à un certain nombre de nos collaborateurs. Le télétravail est entré massivement dans nos habitudes : avant, on pensait que le télétravail pourrait concerner 20 % des effectifs dans une banque comme la nôtre ; aujourd’hui, on planche sur des solutions pour permettre au plus grand nombre de télétravailler.

Avec quelques risques tout de même, car le télétravail n’est pas forcément la panacée…
Vous avez raison, il faut le déployer avec prudence. Le risque, quand les équipes ne se voient plus, c’est de perdre en créativité. L’échange, le brassage des idées, cela reste indispensable ! Mais le télétravail est bel et bien dans l’air du temps. D’ailleurs, c’est devenu un des critères de choix chez les jeunes. Et comme nous souhaitons attirer des talents, être attractif, il nous faut trouver et signer des accords.
Comment se porte la Caisse d’épargne Bourgogne-Franche-Comté ?
L’année 2020 a été marquée par un niveau de collecte d’épargne exceptionnel, qui s’explique par une certaine appréhension des Français vis-à-vis de l’avenir et par le haut niveau de liquidités des entreprises, qui ont bénéficié des prêts garantis par l’État. Grâce à cette épargne dynamique et à une production de crédits qui est restée élevée, nos résultats financiers et commerciaux sont bons.
Vous élaborez votre plan stratégique couvrant la période 2022- 2024. Quels en seront les marqueurs principaux ?
Si je devais n’en retenir qu’un, ce serait notre engagement pour la planète. L’urgence climatique est désormais perçue clairement par chacun de nous. Banque du territoire, nous sommes une banque citoyenne, qui met en œuvre une stratégie de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). Nous optons pour des choix d’investissement « green » : nous refusons de financer des projets à fort impact carbone, nous avons mis en place, au niveau national, un fonds de 1,5 milliard d’euros pour accompagner le développement des énergies vertes dont 100 millions concernent la Bourgogne-Franche-Comté… Ce n’est pas qu’une question d’image, c’est une stratégie volontariste pour la transition écologique.
La construction de votre nouveau siège, dans le quartier d’affaires Valmy, en est une illustration…
Nous allons installer nos bureaux dans le plus grand bâtiment tertiaire en bois de France, et nous en sommes fiers. Nous mettons fin à une situation qui n’était pas optimale, avec des collaborateurs répartis entre deux villes – Dijon et Besançon – et, à Dijon, entre deux bâtiments. Notre nouveau siège, exemplaire sur le plan environnemental, sera de surcroît très visible, en bord de rocade, desservi par le tramway, et traduit notre volonté d’investir de manière pérenne sur le territoire.
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