(Feuilleton 1/3)
Alban le dijonnais
Il est sans conteste devenu l’artiste dijonnais le plus connu de France. Si sa notoriété a largement dépassé nos frontières depuis le carton international du film Balle perdue diffusé sur Netflix, notre homme n’oublie pas d’où il vient. Au point de revendiquer sa « Dijonnitude ». Un bel ambassadeur pour notre capitale bourguignonne, mais aussi du groupe Savy dont il porte les couleurs depuis deux ans. C’est entre deux tournages qu’il s’est prêté l’été dernier, pour Monsieur en Bourgogne, au jeu d’un road trip en plein cœur de sa Bourgogne adorée.
Le jeune Alban, amoureux transit de cinéma depuis son enfance, rêve matin, midi et soir de devenir acteur. 1998, il a 17 ans. Ambitieux, motivé, mais aussi un peu fou, il décide de monter dans un train, direction la Croisette en plein festival de Cannes. « J’avais récupéré un smoking et, je ne sais plus trop comment, mais je suis parvenu à me faufiler dans les plus belles soirées cannoises jusqu’à me retrouver au repas L’Oréal, à côté de Laëtitia Casta et de Miss Univers, juste derrière Jeff Goldblum. Improbable. Avec le recul, je me suis dit qu’en étant respectueux et avec un sourire, on peut tout décrocher… Et en étant un peu filou aussi, c’est sûr. » Le charme opère et, quelque temps plus tard, il montera pour de bon les mythiques marches…
Le jeune homme en prend plein les yeux mais, de retour à Dijon, il réalise amèrement que c’était a priori un rêve sans lendemain. « Je me suis alors promis de n’y retourner que le jour où je jouerai dans un film en compétition. » Promesse tenue. Presque 20 ans plus tard, il sera, au palais des festivals, à l’affiche de Gueule d’ange, aux côtés de Marion Cotillard, excusez du peu. Mais le parcours ne fut pas un long fleuve tranquille pour notre Dijonnais. Quelques mois après son retour de Cannes, toujours intrépide, il convainc sa mère de le laisser monter à Paris. Et un jour, il croise par hasard, sur les Champs-Élysées, son pote du collège Marcelle-Pardé de Dijon, Simon Astier : « Qu’est-ce que tu fais là, gros ? » – « Je veux devenir acteur. » – « Moi aussi. » Ils montent ensemble, en 2004, le spectacle « Entre deux », d’abord joué à la Fontaine-d’Ouche puis dans un petit théâtre de Lyon. En participant à un tournage d’un épisode de Kaamelott, la mythique série d’Alexandre Astier, Bruno Solo et un responsable de production de M6 apprennent que le petit frère, Simon, joue en duo avec Alban. Ils viennent les voir, sont intéressés par le ton décalé des deux hommes et leur proposent dans la foulée la série Off Prime, avec Virginie Efira. Un souvenir en demi-teinte. « On nous avait dit qu’on aurait carte blanche dans l’écriture pour cette série qui voulait “vitrioler” l’univers de la télé. Mais au final, le rendu était bien trop aseptisé. J’ai eu un peu peur d’être enfermé dans ce rôle de benêt sympathique. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de faire des choix. »

Il refuse un cachet à six chiffres
Alban enchaîne alors des apparitions « alimentaires » mais son plan est clair : il veut rester maître de sa carrière, même si, à ce stade, elle est encore balbutiante. « Au plus profond de moi, je ne cherchais plus à devenir célèbre comme on peut en rêver lorsqu’on est adolescent, je voulais juste m’accomplir dans mon parcours d’acteur. » Il choisit alors ses rôles de façon très méticuleuse. À 27 ans, il porte le rôle de Ferghus, un des guerriers de Lancelot, dans Kaamelott. Puis il retrouve la famille Astier dans Hero Corp, écrit et réalisé par son ami Simon. Il y joue dès 2008 Force Mustang, super-héros chevelu et barbu doté du pouvoir de télékinésie, homme le plus fort du monde déclamant un cri de guerre emblématique (« Pinage ! »). Une série devenue mythique pour toute une génération d’ados… « devenus entretemps des adultes », s’amuse t-il. « Quand on a la chance de jouer sur les mots de Simon ou d’Alexandre, on n’a plus du tout envie de faire des grosses comédies sans âme », assure notre homme pour justifier son refus, il y a quelques années, de jouer dans un film « populaire » pour un cachet à six chiffres. « Ce jour là, mon ex-femme a failli me tuer », se souvient-il, mais la suite de l’histoire lui donnera raison.
Après une apparition dans l’explosif Taken, on le retrouve en 2013 dans Les Gamins, avec Alain Chabat. Une comédie réussie, et un premier succès au box-office avec 1,6 million d’entrées. « Un petit rôle mais qui m’a permis d’exister auprès du monde du cinéma. » Les rôles s’enchaînent alors : Goal of the dead, Antigang avec Jean Reno, la série Lazy Company… Et puis le film qui va marquer le premier tournant de sa carrière. Alban Lenoir incarne un skinhead sur le chemin de la rédemption dans Un Français. Il est la véritable révélation de ce long-métrage polémique. « Un film tourné à l’envers pour que je puisse perdre du poids et de la barbe au fur et à mesure du tournage, pour finir au dernier jour, le crâne rasé et avec 15 kilos de moins. Ce fut dur mais précieux car ça m’a mis dans un état de nerfs qui a, je crois, servi ma prestation. » Certains estiment qu’Alban aurait mérité un César pour ce rôle, mais le principal intéressé est beau joueur – ou ironique – sur le sujet : « Je ne suis peut-être pas assez réseauteur. C’est le jeu. Et puis cela m’a permis de me concentrer sur l’essentiel : le moment présent, jouer. C’est ça mon métier. »
Dujardin, « une crème »
En tout cas, un cap est franchi, qui permet à Alban de plonger dans l’aventure Brice de Nice 3 avec Jean Dujardin. « Une crème, un homme adorable et accessible. À chaque fois qu’il vient à Dijon pour une avant-première, il invite ma mère et prend toujours quelques minutes pour la saluer sans même me prévenir. Que je l’aime ! ». Puis Alban marquera les esprits et la critique dans des rôles forts et intimistes avec Le Semeur et bien sûr Gueule d’ange, présenté dans la section « Un certain regard » au festival de Cannes 2018. « Ma mère m’a avoué que c’est quand elle m’a vu monter les marches, devant sa télé à Dijon, qu’elle a été enfin rassurée sur mon avenir. Ce qui m’a surpris puisque ça allait plutôt pas mal pour moi depuis quelque temps déjà. » La force du symbole ? « Ce fut en tout cas une belle satisfaction pour moi d’entendre ses mots car elle m’a toujours soutenu, elle a tellement cru en moi. » Maman Lenoir dut aussi être fière devant le carton absolu de Balle perdue, sorti sur Netflix en plein confinement et dont Alban porte le premier rôle. Rien moins que le deuxième film en langue non anglaise le plus vu au monde en 2020 ! Un ouragan qui dépasse les frontières françaises, mais que le Bourguignon accueille avec sagesse. « Ce n’est que du bonheur. On a démontré qu’il était possible de refaire des films d’action en France, même avec un petit budget. On le doit au fait que Netflix a cru au projet. » Alors que le second volet est en cours de tournage, on serait tenté d’imaginer la création d’une franchise. « Mais c’est complètement l’idée depuis le début », répond Alban en souriant.
Il fuit les plateaux de télévision
Une chose est sûre : vous ne pourrez pas rater Alban Lenoir en 2022. Sauf sur les plateaux télé qu’ils fuient pour la plupart, au point de rendre dingue son attaché de presse. « Je n’y suis pas à l’aise. Si je suis acteur, c’est pour que l’on me donne un texte pour incarner des personnages forts, pas pour raconter ma vie. Je veux garder le luxe d’être juste un acteur, pas un people. Être trop exposé, c’est prendre le risque de lasser très vite. Dans ce métier, le plus compliqué après avoir “percé”, c’est de durer. » Nous retrouverons donc la star dijonnaise sur les grands écrans mais aussi de nouveau sur Netflix, notamment dans un film prospectiviste réalisé par Jean-Pierre Jeunet. « Vous imaginez quand même… Jeunet ! ». Entre deux tournages, Alban se réfugie dans sa maison nichée dans un petit village de l’Yonne.
« C’est un peu mon havre de paix. Et il ne pouvait être qu’en Bourgogne. »

I have an American Dream
On se croirait au beau milieu de la Route 66, et pourtant, nous sommes sur la D981 à Créancey (notre photo, pages 10-11). Impossible de passer à côté de l’énorme wagon jaune et noir estampillé Ritchie’s Diner. L’endroit sent bon les Sixties et les burgers. Il faut dire qu’Eddy Ronget et Sébastien Senabre n’ont pas lésiné sur les moyens pour recréer l’atmosphère d’un vrai dinner américain au beau milieu de notre chère Bourgogne. Ouvert depuis 2017, l’établissement vous promet un voyage temporel dans l’univers de Grease. En franchissant les portes du Ritchie’s – après avoir été accueilli par un Elvis grandeur nature sur la grande terrasse du lieu –, l’immersion est totale : un décor acidulé à la Pulp Fiction où viennent se mêler un sol en damier, des banquettes jaune moutarde, des murs en inox agrémentés d’affiches d’époque ainsi que des pompes à essence vintage. En fond sonore, un bon vieux rock’n roll. Il n’en faut pas plus pour garantir un voyage dans le temps. Dans l’assiette, cuisine généreuse as in USA. Une attention toute particulière a été portée aux noms des différents burgers et autres spécialités de l’Oncle Sam présentés à la carte : mention spéciale pour le Nina Ritchie’s, l’Amélie Poulet Burger ou encore le Monologue du Veggie. L’établissement s’est doté d’une caravane airstream où seront implantées de nouvelles cuisines pour préparer les commandes à emporter de cet hiver et celles de la terrasse pour l’été prochain.
Zac portes de Bourgogne à Créancey – 06 22 61 13 50
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