L’hypercentre, le quartier Fontaine d’Ouche, la légumerie métropolitaine : trois lieux symboliques d’un Dijon en transition. Trois élus de la métropole nous y ont donné rendez-vous pour parler de stratégie commune : Dijon capitale écologique.
Nathalie Koenders – Douce métropole
« La ville de Dijon s’est construite à partir de la voiture, elle doit se reconstruire autour des mobilités douces. » La phrase pose le décor. Arrivée à notre rendez- vous à vélo, Nathalie Koenders, vice-présidente de Dijon métropole déléguée aux déplacements doux et au plan vélo, incarne à merveille son engagement dans le cadre du schéma directeur cyclable 2023-2030. D’emblée, l’élue évoque des objectifs clairs : porter la part des déplacements à vélo à 12% d’ici sept ans, contre 3% aujourd’hui. Pour y parvenir, la collectivité mise sur des aménagements majeurs, notamment sur les axes structurants qui relient les communes de la métropole. Des pistes cyclables séparées de la chaussée seront implantées pour garantir la sécurité des cyclistes, et le modèle de ronds-points « à la hollandaise » sera généralisé, sécurisant la traversée des intersections. Au total, plus de 1 000 kilomètres de voirie seront ainsi « corrigés » selon les termes du plan. Dijon métropole entend développer la pratique du vélo au détriment de « l’autosolisme » avec pour objectif de conserver un bon taux de marche (30 %) et de grignoter la part de la voiture (53 %). Pour atteindre ces objectifs ambitieux, l’élue souhaite agir sur quatre leviers :
Les aménagements
Une hiérarchisation du réseau routier est essentielle. Ces aménagements permettront de créer des axes cyclables sécurisés reliant Dijon aux communes environnantes, en mettant l’accent sur les axes structurants prioritaires et les points noirs du réseau (à l’instar de la place du 30-Octobre à Dijon ou de l’avenue Roland-Carraz à Chenôve).
Le stationnement
La métropole continuera de développer l’offre de stationnement vélo sécurisée en lien avec l’intermodalité. La collaboration avec les promoteurs, bailleurs sociaux et entreprises pour encourager la création de stationnements sécurisés constituera un élément-clé de cette politique.
Les services
Le maintien et le développement des services liés au vélo, ainsi que leur complémentarité, seront essentiels pour accompagner les choix modaux des habitants. Une implication active de tous les acteurs sera recherchée.
La communication & la sensibilisation
Pour favoriser la transition vers la mobilité douce, une communication et une sensibilisation efficaces joueront un rôle indispensable. « Aujourd’hui, certaines personnes voudraient se mettre ou se remettre en selle, mais elles n’osent pas. Il y a une différence entre savoir faire du vélo et savoir rouler en ville ». C’est là que le schéma directeur cyclable prend tout son sens, en rendant la ville plus accueillante pour les cyclistes novices ou hésitants.
Jean-Patrick Masson – Quartier modèle
C’est au cœur du quartier Fontaine d’Ouche, et plus particulièrement devant l’école Buffon, première école à énergie positive de France, que nous retrouvons ensuite Jean- Patrick Masson, vice-président de Dijon métropole en charge de la transition écologique. Un point de rendez-vous qui n’est pas anodin. Ici, le projet Response se dévoile comme un véritable phare de la lutte contre le réchauffement climatique. « Nous avons choisi ce quartier pour plusieurs raisons : d’abord, parce qu’il s’agit d’un type de quartier assez commun et pour lequel il y a des réplicabilités. Ensuite, car la population de Fontaine d’Ouche a des revenus relativement modérés, et donc nous pouvons lui apporter un soulagement financier. Enfin, il y a aussi une fierté à faire partie d’un tel projet, modèle à l’échelle du continent, le seul avec la ville de Türkü en Finlande. » Depuis 2020, la ville de Dijon, qui a reçu le soutien de la Commission européenne, mène avec Response une expérimentation audacieuse dans le but de contribuer à l’essor de quartiers à énergie positive en Europe d’ici à 2050. « Response est un projet de rénovation énergétique ambitieux et innovant de deux îlots de bâtiments, visant à faire de Fontaine d’Ouche un modèle en matière d’autoconsommation collective. Il s’agit de créer deux îlots à énergie positive qui produiront, notamment grâce à des panneaux solaires, 20 % d’énergie de plus par rapport à leur propre consommation », explique l’élu. Les objectifs de Response sont clairs et ambitieux : une réduction de 75 % des émissions de gaz à effet de serre et donc zéro émission nette d’ici à 2030 ; une baisse de 38 % de la consommation énergétique, grâce à la rénovation thermique ; une économie de 15 % sur la consommation de chauffage grâce à des bâtiments intelligents ; une diminution de 65 % de la consommation d’éclairage public. Le projet concerne environ 600 logements et des bâtiments municipaux, soit un total de 1 100 habitants.
Philippe Lemanceau – Mieux manger, mieux produire
Dernière escale de notre road-trip « vert », direction Ouges, dans le parc d’activités de Beauregard. C’est l’occasion de rencontrer Philippe Lemanceau, vice-président de Dijon métropole délégué à la transition alimentaire, devant un lieu qui lui tient particulièrement à cœur : la légumerie métropolitaine, pièce maîtresse de la stratégie du grand projet « Prodij » mené par la métropole, qui invente ici le service public de l’alimentation.
Mais que fait-on exactement dans une légumerie ? Il s’agit d’un atelier de préparation de légumes, où les produits fraîchement cueillis dans les champs sont méticuleusement lavés, épluchés, découpés et conditionnés. Ces légumes sont ensuite acheminés vers les cuisines de la restauration collective, approvisionnant ainsi 48 restaurants scolaires de Dijon. Actuellement, la légumerie travaille en étroite collaboration avec huit producteurs locaux regroupés autour de la plateforme logistique « Manger mieux Bourgogne ». Chaque mois, environ sept tonnes de légumes passent entre les mains habiles du personnel. Chaque jour, la cuisine centrale fournit environ 8 000 repas, principalement destinés aux écoliers dijonnais. Le résultat est impressionnant, avec une réduction significative de 54 % du gaspillage alimentaire, ainsi qu’une réduction de 13 % de l’empreinte carbone grâce à l’introduction de deux repas végétariens par semaine. Philippe Lemanceau voit grand : à long terme, l’objectif est de traiter 400 tonnes de légumes par an, ce qui permettra d’approvisionner d’autres structures de restauration collective. « Plus qu’une simple initiative, c’est une démonstration à l’échelle territoriale que la transition alimentaire est non seulement possible, mais aussi bénéfique pour l’environnement, l’économie locale et la santé des consommateurs », affirme l’élu. Actuellement centré sur la cuisine centrale de Dijon et les écoles dijonnaises, ce projet ambitieux vise à s’étendre à d’autres institutions telles que le CHU Dijon-Bourgogne ou l’école de gendarmerie à Longvic.