À 35 ans, jérémie durand a la chance de savoir ce qu’il aime. la montagne, le voyage et sa région. ancien basketteur dijonnais formé par la jda, il en a fait son métier. guide sommelier en bourgogne, » il emmène les touristes découvrir, à pied ou à vélo, les paysages et les vins. le reste du temps, avec son sac à dos et son appareil photo, il part à l’aventure. en solo, ou avec son père.
Nous avons rencontré Jérémie Durand au retour d’un trek au Chadar. Trois semaines dans les gorges du Zanskar, un ancien royaume bouddhiste aux confins de l’Himalaya auquel on ne peut accéder, durant les mois d’hiver, que par une longue marche périlleuse sur la rivière gelée. Un périple effectué avec sa compagne, Julie, et son père, Michel, 67 ans, cheminant avec porteurs dans un environnement glaciaire et de canyon, sur la rivière et les falaises, allant de village en village, coincés dans les montagnes, logeant chez l’habitant, rencontrant les moines bouddhistes dans les monastères tout en essayant de limiter son impact, de n’être que des visiteurs de passage. Avec le réchauffement climatique, il n’est pas dit que ces populations ne finissent pas bloquées définitivement. Construction de routes, influence de l’Inde et du Pakistan, villages désertés par les hommes partis au loin gagner quelques sous : elles tentent de s’adapter aux changements. L’aire d’influence bouddhiste se restreint mais s’ils souhaitent conserver leurs traditions, les parents veulent aussi que filles et garçons aient un niveau d’éducation qui leur permette d’avoir un meilleurniveau de vie. « Tu ne peux pas blâmer des gens désirant l’accès à l’électricité, à l’eau courante, être à l’abri des famines, avoir une espérance de vie supérieure. Explique-moi pourquoi tu aurais droit à ces richesses, et pourquoi les autres devraient te regarder t’amuser avec leur environnement impitoyable pour satisfaire ton besoin d’aventure ? J’ai l’impression que leur sagesse et leur solidarité leur permettront de prendre les avantages en limitant les désavantages.C’est un vaste débat philosophique de civilisation. »
Le prix de ta liberté : bosser comme un dingue
Pour Jérémie, tout a commencé quand, à 19 ans, ses parents l’embarquent avec son frère traverser le Zanskar. À 25 ans, premier solo en Patagonie puis tout s’enchaîne, Thaïlande, Vietnam, sentiers de Crète, grands treks des Alpes, des Pyrénées et de longues semaines au Népal et en Inde avec son père. « Il m’a transmis son expérience. Il soutient des associations de voyage éthiques, embauchant des locaux avec un salaire plus élevé qui leur permet de ne pas être exploités. Tu peux payer plus pour que les habitants aient un confort de travail et ne se flinguent pas la santé. Nous voyageons dans cet esprit solidaire. »
Père et fils sur les dômes de Miage (Haute-Savoie)
Le rêve de Jérémie ? « La traversée du Népal d’est en ouest. Etl’arc alpin. En solo, jusqu’en Grèce. » Son secret : dépasser la peur et les a priori qui nous gouvernent, déterminer son seuil de sécurité et se mettre en danger tout en restant conscient. « On fait alors face à des choses que l’on pensait impossibles. »
Cette vie a un prix : dix ans ans de travail. « Pas de sécurité d’emploi, une pression permanente, tu dois être bon dans ce que tu fais et t’adapter aux défis. » Organisation de salons viticoles, comme celui pour le renouveau des appellations dijonnaises, de parcours dans les vignes et de dégustation, et photographie pour des domaines, les semaines de 90 heures ne sont pas rares. « Le prix de ta liberté, c’est bosser comme un dingue. Si un jour cet équilibre ne me convient plus, j’évoluerai. Il y a quatre ans,j’ai dû choisir, partir guide en Islande, gérer une agence de treken Himalaya, organiser des colos en Ardèche ou prendre un hôtel dans la Drôme. J’ai choisi l’Islande. ».